Introduction
Connaître une ville n'est pas simple, surtout quand elle est vaste et que chaque époque est venue déposer sans trop de précaution sa marque sur celle des générations précédentes.
Il faut alors d'abord reconnaître des différences. Ici, un lotissement qui efface tout l'état antérieur, là l'inscription dans le parcellaire d'une enceinte disparue ; ailleurs, la persistance des chemins antiques sur lesquels sont venus s'implanter des faubourgs, ou la marque d'une occupation rurale: village englobé, maisons de campagne, terroirs de vignoble ou de potager. Sur ces tracés qui s'additionnent, se superposent, entrent en conflit, s'interrompent et resurgissent, le bâti se renouvelle et s'étend au gré d'une lente densification qui procède par excroissance, surélévation, découpage des jardins et comblement des cours ; ou par substitutions mineures, parcelle par parcelle selon une spéculation encore modeste ; ou encore par vastes opérations quand un pouvoir fort ou un profit important en fournit l'occasion, jusqu'à ce que l'histoire de quelques générations d'habitants en transformant à son tour ce qui était nouveau vienne une fois de plus brouiller les cartes.
L'urbanisation de cette seconde moitié de siècle change encore plus radicalement le paysage ; le volume des constructions, leur mode d'implantation, les techniques utilisées marquent une rupture. Les urbanisations récentes semblent échapper à la logique des villes traditionnelles, et par là même défier les moyens d'analyse qui permettaient d'en rendre compte.